Esther
ROBICEK

Esther ROBICEK (née MANHEIM),
34 ans,
ex-autrichienne,
Arrêtée à: Aixe-sur-Vienne, convoi 26
Esther (Ida ou encore Ada) Robicek est née le 10/12/1907, à Tłumacz (yiddish ou Tlumach (en ukrainien aujourd’hui), territoire appartenant à l’époque à l’empire austro-hongrois puis à la Pologne.
Durant la Seconde Guerre, la ville passa successivement sous la domination ukrainienne, soviétique, hongroise et enfin allemande. Il y avait 5946 habitants dans la ville de Tlumacz en 1921 dont 2112 juifs (plus d’un tiers de la population de la ville).
Elle était la fille de :
- Wilhelm MANHEIM
- Rosa née KORNTIEZ ou KORNSTEIN
- et la soeur de Leo (11/02/1906)
qui avaient déja émigré en Israël et résidaient respectivement à Haïfa et Tel Aviv durant le conflit.
Avant-guerre, Esther vivait quant à elle à Vienne en Autriche.
Le 06/06/1933, elle avait épousé Josef ROBICEK (né le 03/08/1907 à Vienne) dans cette même capitale. Ce dernier était gestionnaire de portefeuille mais fut bientôt privé de son activité et de ses ressources du fait des lois raciales antisémites après l’annexion du pays à l’Allemagne nazie.
Le couple était sans enfant.
La fuite après l’Anschluss, 1938
Suite à l’Anschluss, le 18/06/1938, le couple fuit l’Autriche pour se réfugier en Suisse à Bâle, mais Esther n’aurait pu y rester et en aurait été expulsée (pour des raisons administratives).
L’arrivée en France: entre internement et persécutions (1939-1942)
Aussi arrive t-elle ensuite seule en France en septembre 1939 en passant d’abord par Mulhouse.
Elle réside ensuite successivement:
- A Blois à partir du 05/09 (?)/1939, au « Grand café », dans la rue commerçante Denis Papin
- A Cheverny (toujours dans le Loir et Cher), à partir du 05/01/1940
- Elle est ensuite internée à Gurs d’où elle est libérée en date du 13/08/1940
- C’est à partir du 17 août 1940 qu’ elle rejoint la Haute-Vienne et la commune d’Aixe-sur-Vienne, non loin de Limoges.
On sait que le 08/08/1942, la préfecture émet un avis d’expulsion à son encontre. Esther est « invitée » à « rechercher un logement dans une commune éloignée de tout centre urbain« .
Le 20/08/1942, un courrier du maire d’Aixe sur Vienne revient sur la situation d’Esther qui n’est visiblement pas encore partie et demande expressément son départ auprès de la Préfecture.
Après une série de griefs en lien avec la « présence de trop nombreux juifs étrangers dans le canton d’Aixe ne rendant aucun service et faisant du marché noir et du gaullisme » , le maire de la ville insiste et demande en ces termes le départ d’Esther:
« Mme Robicek née Manheim Esther, de nationalité polonaise habitait Vienne avant la guerre. Son mari est en Suisse. Même avant guerre, elle n’habitait pas avec lui. Ne se livre à aucun travail suivi et ne semble faire aucun effort pour rejoindre M. Robicek ».
Son souhait est exaucé quelques jours plus tard puisque Esther qui figure déjà à cette date sur la liste des étrangers juifs à « ramasser » (termes administratifs de l’époque) est arrêtée à Aixe-sur-Vienne, transférée à Nexon puis à Drancy.
Sur le courrier du maire, la préfecture indique que l' »affaire » est « réglée« .
Esther est ensuite déportée à Auschwitz (sans retour) par le convoi 26.
© Fanny DUPUY
L’après-guerre et la destinée du mari d’Esther, Joseph :
On sait grâce aux archives AROLSEN que le mari d’Esther, Josef, a quant à lui survécu à la guerre en émigrant (certainement en Israël au début des années 1950 après de longues années d’attente).
Réfugié en Suisse depuis le 18/07/1938, dans un dossier complété en 1948 pour l’OIR (l’organisation internationale des réfugiés), il précise qu’en 1942, Ester bénéficiait d’un visa pour la Suisse à un moment où elle était internée.
Naturellement, ne savons pas si elle put ne serait-ce qu’en avoir connaissance .
Qui plus est, on sait que dès le 17 juillet 1942, René Bousquet avait « fermé les frontières » en demandant aux préfets que tous les visas de sortie du territoire accordés aux juifs étrangers soient annulés.Le piège s’était donc déja refermé sur Esther et tous les autres.
L’anéantissement de la communauté de Plumacz durant la guerre:
En juillet 1941, après l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie, Tlumach est occupée par les troupes hongroises alliées des Allemands. Peu après, des réfugiés juifs venus de Hongrie sont amenés en ville.
Durant cette période, la population ukrainienne locale expulse les Juifs et les prive de leurs biens, mais ceux-ci sont réintégrés après l’intervention de l’armée hongroise.
En septembre 1941, l’administration de la ville passe sous contrôle allemand direct. Les nazis éliminent immédiatement les dirigeants de l’intelligentsia juive, dont Eliasz Redner, président du Judenrat. Durant l’hiver 1941-1942, de nombreux Juifs sont arrêtés et envoyés dans des camps de travail.
Le 3 avril 1942, une première vague de déportations vers Stanislawow mène à l’exécution de 1 200 Juifs. Un ghetto est ensuite créé, rassemblant 3 000 personnes dans des conditions d’existence effroyables. En mai, d’autres exécutions et déportations ont lieu. Finalement, en novembre 1942, le ghetto est liquidé : 2 000 Juifs sont envoyés au camp de Belzec, tandis que ceux qui tentent de fuir dans les forêts sont traqués et tués par des nationalistes ukrainiens.
Après-guerre la communauté juive de Plumacz ne fut pas reconstituée.
Sources:
- ADHV
- ITS Arolsen
- Site de Yad Vashem
- Mémorial de la Shoah
- Jewishgen.org
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