La « rafle du billet vert »: 80 ans après des trésors d’archives mis en lumière

80 ans après, des documents inédits viennent éclairer le sort des Juifs étrangers arrêtés lors de "la rafle du billet vert" le 14 mai 1941

Des clichés inédits

Planches-contact du reportage d'Harry Croner acquises par le Mémorial de la Shoah © Radio France / Delphine Evenou

Ce sont 5 planches, soit 98 nouveaux clichés montrant l’arrestation de Juifs étrangers lors de la rafle dite du « billet vert » le 14 mai 1941 qui viennent d’être acquis par le Mémorial de la Shoah et en partie diffusés au grand public.

Photo du Mméorial de la Shoah, devant le gymnase Japy à Paris
Gymnase Japy : certains hommes arrivent encore portant leur convocation et sont reçus par les policiers qui gardent l’entrée du gymnase. Des femmes avec enfants arrivent avec des valises et de paquets. Les scènes suivantes montrent qu’elles font la queue et attendent leur tour pour donner les valises. © Mémorial de la Shoah

En complément: la découverte d’une vidéo muette de l’intérieur du camp de Beaune la Rolande

© CERCIL

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A voir aussi, le WEBDOC de Stéphanie Trouillard et l’équipe de FRANCE 24 :

Il y a 80 ans, la première rafle massive de Juifs étrangers à Paris

C’est un triste anniversaire qui fut célébré  ce 14 mai 2021, celui de la première arrestation d’envergure de Juifs  vivant à Paris et ses environs. Néanmoins, les commémorations (cette année sans public)  furent également l’occasion de voir resurgir du passé quelques « pépites historiques ».

On sait que cette rafle dite « du billet vert » (du nom de la couleur du billet de convocation qui fut distribué à des milliers de Juifs apatrides, tchèques, polonais et de façon générale étrangers pour « examen de leur situation ») est la première grande rafle parisienne.

Cette opération d’arrestation obéit à la politique de collaboration entre le gouvernement de Vichy et l’Allemagne nazie.

Si les déportations n’ont pas encore commencé, la logique de « concentration » est bien à l’œuvre. Il s’agit donc d’arrêter ceux qui sont alors considérés comme « indésirables » en tant que Juifs, étrangers de surcroit et de procéder à leur internement immédiat (permis par la loi du 4 octobre 1940).

Ce seront  3 700 hommes  qui répondront à cette convocation et seront ensuite rassemblés au gymnase Japy du XI° arrondissement parisien avant d’être transférés dans l’un des camps du Loiret, Pithiviers ou Beaune la Rolande.

Après un an d’internement et la mise en place de la Solution finale en Europe de l’ouest, ces hommes seront déportés dans les premiers convois (700 d’entre eux parviendront cela dit à s’évader à temps).

Concernant ces documents inédits, on sait qu’ils ont été acquis dans une brocante à Reims par des collectionneurs qui ont proposé leur achat au Mémorial de la Shoah .

Si certains clichés étaient connus et avaient été utilisés par la propagande de l’époque, on y découvre les visages de ces hommes, de ces familles et de ces femmes inquiètes alors qu’elles viennent apporter à leur mari quelques affaires comme cela fut prescrit à celui qui accompagnait le futur interné.

En cela, ces clichés permettent d’entrevoir ce tragique évènement non plus seulement du côté des « bourreaux » mais aussi de ces victimes, en leur rendant un visage. Ils illustrent également la collaboration active de la Police française qui fut chargée de ces arrestations et est présente sur ceux-ci.

Simultanément, une vidéo , elle-aussi inédite vient également de ressurgir.

Cette-fois, elle n’est pas l’œuvre de la propagande officielle puisque ce sont des images clandestines, 5 minutes de vidéo muette qui fut filmée clandestinement par l’un des hommes arrêtés le 14 mai 1941, Pavel (Paul) Engelmann, un ingénieur tchèque venu rejoindre sa fiancée en France et qui sera ensuite déporté (sans retour). Elle montre l’intérieur du camp de Beaune la Rolande au moment de l’internement de ce dernier.

Cet autre document est inédit puisque si l’on disposait jusque là de photographies de ce camp de transit, il s’agit bien de l’unique film qui existe à ce jour.

Cet anniversaire, aussi sombre puisse-t-il être a donc néanmoins été l’occasion de constater qu’en dépit de la fin de l' »ère des témoins », d’autres documents dormants peuvent qui sait, encore éclairer cette période et mieux la comprendre.

F.Dupuy

Sources:

En prolongement:

Le documentaire « Illusions perdues 1941-1942. Fragments d’une vie en sursis »,  un film de Jean-Michel Plouchard. Disponible DVD et VoD – 2011.

Photo d’entête: © Mémorial de la Shoah

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refugiesjuifs87

Chercheuse indépendante et enseignante, je consacre mon temps libre à éclairer l'histoire des réfugiés juifs en Haute-Vienne durant la Seconde Guerre mondiale, au temps de la Shoah grâce à mes recherches dans différents lieux d'archive . Mon travail porte d'abord sur les réfugiés juifs étrangers arrêtés et déportés après un passage au camp de Nexon lors de la rafle du 26 aout 1942.

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