Siegfried Epstein

Siegfried EPSTEIN,
56 ans, allemand, père de famille,
Arrêté à: Saint-Léonard-de-Noblat, convoi 26
Siegfried EPSTEIN est né le 05/11/1885 à Eischstetten en Allemagne.
Il était le fils de David et Marie Rothschild qui étaient à la tête d’une fratrie de 13 enfants.
Il était aussi l’époux de Lina (née WEIL) et le père de Marianne.
Avant-guerre, il vivait avec sa famille à Fribourg (dans le Bade-Wurtemberg), où il dirigeait avec son frère Heinrich une usine de fabrication de papier.
En juillet 1937, celle-ci est « aryanisée » (terme nazi désignant la spoliation/confiscation des biens appartenant aux familles juives).
Les Epstein sont ensuite contraints de quitter leur domicile (Bismarckstrasse 22, aujourd’hui Stefan Meier Strass 4-6).
Ils s’installent alors chez des membres de la famille de Lina ( Colombistrasse, 11) au deuxième étage de la maison de Moritz et Karolina Weil-Lion, commerçants en textile.
Vivent également sous le même toit Max et Erna Eisenmann (Erna étant également apparentée à la famille de Lina) qui parviendront à émigrer aux Etats-Unis depuis Rotterdam le 14 janvier 1939.
Au moment de « la Nuit de Cristal« , la synagogue de Fribourg est brulée par les Nazis et une centaine d’hommes juifs (parmi lesquels Siegfried) est arrêtée puis internée à Dachau. Siegfried y sera détenu du 11/11/1938 au 22/12/1938.
Libéré, il organise alors le sauvetage de sa famille en Hollande , puis en France où il arrive le 10 janvier 1939.
Il transite à un moment à Mulhouse puis Épinal avant de se fixer à Angers dans le Maine et Loire à partir du 24/04/1939.
A Angers, d’après le témoignage d’Yvette Ferrand , la famille réside près de chez ses grands-parents et lient amitié avec eux.
On sait aussi qu’à cette période, juste après leur arrivée en France, Siegfried fut engagé volontaire à Agde au début de la guerre. Les documents d’archives mentionnent aussi le fait qu’il fut interné durant l’année à deux reprises au camp du Ruchard (Indre-et-Loire, à 120 km d’Angers). Lina mentionne qu’il en fut libéré le 29/12/1939 par la commission de criblage de la IX° Région.
Est également mentionné son incorporation après la débâcle, en juin 1940 comme prestataire au sein du 99° régiment régional, 1er bataillon, première compagnie. Il s’agissait d’un régiment de réserve constitué de soldats étrangers.
Après la débâcle de mai 1940, redoutant d’être à nouveau la proie des Nazis, la famille Epstein quitte Angers pour Limoges (encore en zone libre) où elle arrive le 24 juillet 1940.
Elle s’installe alors au 14 bis, boulevard Carnot (dans un appartement loué par Mr Charles Lavandon).
A cette date, elle espère encore émigrer pour Cuba ou les États-Unis. Le frère de Lina, Max, qui réside en Suisse (à Winterthur) est d’ailleurs déclaré garant « des démarches [administratives] à entreprendre ».
Cela dit, le 30/08/1940, Siegfried est interné dans le camp de St-Germain les Belles (Haute-Vienne) puis envoyé à Gurs (Pyrénées Atlantique).
Aussi, le 5 décembre 1940, Lina, sa femme demande au préfet à ce que Siegfried soit libéré et puisse les rejoindre à Limoges.
Les documents d’archives mentionnent également qu’en mars 1941, au moment où cette demande est en cours, Siegfried était incorporé au sein du 318° GTE près d’Albi (camp de Saint-Antoine ou « camp de la Viscose », dans le Tarn). grâce à de nombreux courriers de sa famille et de personnes « garantes », il finit par être libéré et rejoint Lina et Marianne à Limoges.
Quelques mois plus tard, à partir du 01/11/1941, la famille réunie est expulsée de Limoges et rejoint la commune d’Isle (au lieu dit « Les Paquerettes« ) comme le mentionne la fiche du recensement en date du 15 février 1942.
Le 11/04/1942, à nouveau expulsée de la banlieue proche de Limoges, les Epstein sont contraints de quitter Isle pour St-Léonard-de-Noblat, à environ une trentaine de kilomètres.
Là, ils sont assignés à résidence et le premier lieu de résidence indique comme adresse « l’hôtel du Midi ».
Le 06/06/1942, la présence de la famille est contrôlée une dernière fois et l’adresse mentionnée est « route de Beaufort » à St Léonard de Noblat.
C’est là qu’un peu plus d’un mois plus tard, elle est arrêtée et déportée (sans retour) par le convoi 26.
©Fanny Dupuy
Sources:
- ADHV
- ITS Arolsen
- Mémorial de la Shoah
- Avec mes remerciements à Sabine Herrle, chercheuse allemande pour les informations délivrées sur la vie des Epstein avant leur émigration en France.
- Avec mes remerciements à Yvette Ferrand pour les informations recueillies et transmises sur la famille concernant son séjour à Angers.
- Photographie stolperstein: James Steakley
- Crédit photographique: © Famille Weil-Lion, trouvée grâce à l’aide de Sabine Herrle, chercheuse allemande
- http://www.alemannia-judaica.de/eichstetten_synagoge.htm
- Article ci-dessous: le Mémorial des enfants juifs déportés de France, Serge Klarsfeld, 2016 (avec mes remerciements à André Convers pour la transmission du document)
- Recherches généalogiques et contact avec Brett Levi, descendant de la famille
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