Fanny MESSING

Fanny MESSING © AGR A 270 357

Fanny MESSING ,

 42 ans,

Polonaise,
Arrêtée à: Eymoutiers, convoi 27

Fanny est née le 02/07/1900  en Pologne.

Elle était la fille de feu Sucher GRÜNFELD et de Charlotte SCHIFF.

Son époux se prénommait Hermann et ses enfants Gerda et Selmar.

La vie à Nordhausen avant le Nazisme

Avant-guerre, Fanny et son mari Hermann qui étaient d’origine polonaise s’étaient installés en Allemagne (à Nordhausen, Neustadt Str., selon la déclaration faite par Selmar sur Yad Vashem). C’est dans cette ville qu’étaient nés leurs deux enfants, Selmar, l’ainé, puis Gerda, la cadette.

Hermann y était propriétaire d’un magasin de textile.

Du fait des persécutions nazies, Hermann, parce qu’il est juif et polonais est  expulsé d’Allemagne fin octobre 1937. Il se réfugie en Belgique où il sera contraint de vivre seul sans sa famille jusqu’à la fin de l’année 1938, l’émigration de celle-ci en Belgique  n’étant pas autorisée dans un premier temps .

Pendant ce temps, Fanny quant à elle  continue à tenir quelques temps l’entreprise et reste à Nordhausen avec ses deux enfants ainsi que leur grand-mère (la mère d’Hermann vraisemblablement).

La déportation en Pologne (?), octobre 1938

Cela dit, d’après les archives ITS Arolsen (et les recherches de Sabine Herrle), il semblerait qu’elle fut arrêtée à 150 km de Nordhausen, à Leipzig fin octobre 1938 avant d’être déportée en Pologne à Bedzin/ Bendzin comme « Ostjuden ».

Pendant  la « Nuit de Cristal »  qui fut particulièrement violente à Nordhausen, les enfants auraient donc été seuls sans leurs parents, avec leur grand-mère et peut-être leur oncle, Max Grünfeld, le frère de Fanny

C’est à ce moment que ce dernier est arrêté et interné le 10/11/1938 à Buchenwald.

L’arrivée en Belgique, juillet-aout 1939

Les détails et documents manquent pour préciser le parcours de Fanny sur la période allant de la fin de l’année 1938 à l’été 1939.

On sait juste qu’après cette déportation, suivant les documents ITS Arolsen, Fanny aurait ensuite réussi à émigrer en Belgique à l’été 1939 (juillet 1939) en passant par les Pays-Bas.

D’après les sources belges, si les enfants parviennent à quitter l’Allemagne pour rejoindre leur père par kindertransport fin 1938, l’émigration de Fanny Belgique fut dans un premier temps bloquée par l’administration belge.

Elle ne sera autorisée à y résider que le 23/08/1939 après de longs mois d’angoisse supplémentaire et la supplication écrite par les enfants auprès du roi de Belgique.

Le 30/08/1939, à son arrivée, Fanny MESSING doit s’inscrire au registre des étrangers en Belgique ©AGR A270357

Malheureusement, l’accalmie est de courte durée pour cette famille traquée qui vient d’être réunie.Le 12/05/1940, au moment de l’offensive allemande et de l’invasion de la Belgique, elle doit à nouveau fuir (à moins qu’elle ne soit à nouveau expulsée par le gouvernement belge), cette fois en France.

Fuir à nouveau… en France, mai 1940-août 1942

Elle s’installe d’abord dans le nord du pays, à Lille à partir du 16/05/1940 avant de s’établir en Haute-Vienne en avril 1941 dans la commune de St-Germain-les Belles (alors située en zone libre)  après avoir franchi clandestinement la ligne de démarcation au niveau d’Angoulême en mars 1941.

La maison des Betoule ou vécut la famille Messing

Si l’on connaissait l’adresse des Messing en 1941 (la commune de Saint-Germain-les -Belles), c’est le témoignage et les clichés précieux et récents confiés par Françoise Genilier (hérités de sa mère car Françoise est née après-guerre) qui permettent d’éclairer aujourd’hui le contexte de vie de la famille à l’époque, quelques mois avant la tragique année 1942.

En effet, le couple Betoule (François et Jeanne-Anne Betoule qui étaient donc les grands-parents de Françoise) a hébergé les Messing durant près d’un an, dans leur grande maison familiale, maison qui aurait également hébergé une autre famille juive à l’époque. Les deux familles vivront donc ensemble, tisseront des liens et les photos de l’époque qui en témoignent apparaissent comme une parenthèse presque heureuse dans un océan de malheurs.Vivait également avec eux Germaine-Marie Betoule, fille du couple Betoule qui était née en 1923 et avait lié une belle amitié avec les enfants Messing.

Fanny Messing et ses deux enfants à St-Germain-les-Belles, 1941 © Famille Betoule

Dans sa fiche de recensement du 18/02/1942, Herman déclare que la famille n’est en France que provisoirement et qu’elle souhaite émigrer.

Le 8 avril 42 , suivant un ordre préfectoral répondant à plusieurs circulaires émises par le gouvernement de Vichy , parce qu’ils sont étrangers et juifs (et donc jugés « indésirables »), les Messing  sont sommés  de quitter St-Germain-les-Belles avant le 10 avril pour être assignés à résidence dans une autre commune.

Fanny Messing et son mari à St-Germain-les-Belles, 1941 © Famille Betoule

Expulsés…avant d’être arrêtés le 26/08/1942

La famille s’installe  alors à Eymoutiers (entre le mois d’avril et de juillet 1942), à « La Terrade » suivant le Mémorial de la déportation de Serge Klarsfeld et certains documents issus des archives locales.Cela dit, l’un des documents administratifs mentionnant l’expulsion de la famille indiquait au départ « La Peyrade » qui jouxte Eymoutiers ce qui peut laisser planer un doute sur le dernier lieu de vie de cette famille.Ce départ fut vécu très douloureusement par la fille de la famille Betoule. C’est ainsi qu’elle transmettra à sa fille Françoise le souvenir de cette famille disparue à jamais.En mai 1945, à la fin de la guerre, Selmar, seul rescapé de sa famille demandera à pouvoir revenir en France pour régler des factures et récupérer les derniers biens laissés par les siens après le tumulte de la rafle. Il recherchera d’ailleurs encore à savoir s’il existe des traces de ses parents et de sa sœur, en vain.Cette requête permettra cela dit de préciser le dernier lieu de vie des Messing puisque Selmar mentionne un logement de deux pièces qui appartenait à la propriétaire Mme Garraud (et qu’il nomme « Villa Raimonde » puis plus tard dans sa fiche de témoignage de 1999 sur le site Yad Vashem « Villa Roseville ») à Eymoutiers.

Concernant les derniers jours de vie des Messing en aout 1942, on sait qu’Hermann devait être incorporé dans un GTE (le 644° GTE de Bellac, puis le 643° à Oradour-sur-Glane) entre le 02/08/1942 et le 04/08/1942, mais il fut reconnu « inapte aux travaux agricoles ».

Sur décision préfectorale du 6 août 1942, il est donc déclaré inapte et autorisé à regagner son domicile…mais ce ne sera qu’un sursis de très court terme…Moins de trois semaines plus tard, dans  la nuit du 25 au 26 août 1942,  la famille est arrêtée brusquement, transférée au camp de Nexon  puis déportée (sans retour) depuis Drancy par le convoi 27.Selmar,  qui avait alors 19 ans n’était visiblement pas présent au domicile lors de l’arrestation et il parvint ensuite à s’enfuir.Une enquête des renseignements généraux de 1945 consécutive à une requête de Selmar permet de savoir qu’il émigra ensuite en Israël en passant par l’Espagne  en août 1943 après un passage à Vicq-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées chez Mme Lavusse.Cette enquête confirme aussi qu’au moment de l’arrestation, Hermann était en  » mauvais état de santé ». Il ne fut pour autant pas exempté et fut déporté sans retour avec sa femme Fanny et sa fille de 16 ans, Gerda.

© Fanny DUPUY

Dernières modifications: le 28/07/2023

Remerciements:

Pour les sources allemandes, je remercie infiniment Sabine Herrle, infatigable chercheuse allemande qui n’a pas compté ses heures pour m’aider à préciser le parcours de la famille Messing.

Je remercie également tout particulièrement Françoise Genilier, descendante de la famille Betoule pour ses précieux documents d’époque qui permettent de redonner un visage à cette famille.

NB:

*Les archives de Norhausen n’ont aucune trace d’un mariage entre Fanny et Hermann dans la ville de Nordhausen en 1921 ce qui signifierait que le couple s’est marié et a donc vécu avant 1923 dans une autre ville d’Allemagne. Le reste de leurs documents d’ archive a en outre été délibérément détruit par les Nazis avant les bombardements d’avril 1945 ce qui empêche de retrouver d’autres traces.

Sources :

 
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