Gerda MESSING

Gerda MESSING, 1941 © famille Betoule

Gerda MESSING ,

16 ans,

Polonaise,
Arrêtée à: Eymoutiers, convoi 27

Gerda est née le 04/06/1926 à Nordhausen en Allemagne.

Elle était la fille de Fanny et Hermann et la sœur cadette de Selmar.

Gerda alors qu’elle était encore enfant ©Shlomo Messing

Avant guerre…

Avant-guerre, la famille vivait en Allemagne, à Nordhausen (Neustadt Str., selon la déclaration faite par Selmar sur Yad Vashem), lieu où étaient nés les deux enfants.

Le père de Gerda y était propriétaire d’un magasin de textile.

Du fait des persécutions nazies, parce qu’il est juif et polonais, ce dernier est  expulsé d’Allemagne fin octobre 1937. Il se réfugie en Belgique où il sera contraint de vivre seul loin des siens jusqu’à la fin de l’année 1938, l’émigration de celle-ci en Belgique  n’étant pas autorisée dans un premier temps .

Gerda reste donc à Nordhausen avec son frère et sa mère Fanny qui  continue à tenir quelques temps l’entreprise ainsi qu’avec sa grand-mère.

La « Nuit de cristal » du 9/10 novembre 1938

Cela dit, lors de la « Nuit de Cristal« , le magasin est pillé par les Nazis et Max Grünfeld, l’oncle maternel de Gerda est arrêté et interné le 10/11/1938 à Buchenwald.

C’est le courrier que Selmar envoie à son père le surlendemain qui l’en informe. Selmar supplie alors son père d’activer les démarches qui s’enlisent pour permettre de faire libérer Max et de faire émigrer la famille le plus vite possible.

On comprend à travers ce courrier alarmant que si Fanny et les enfants sont restés  en Allemagne et n’ont pas suivi Hermann, c’est aussi pour ne pas abandonner leur grand-mère.Cela dit, Hermann a beau multiplier les démarches auprès des autorités belges, le gouvernement refuse ce regroupement familial et, qui plus est, demande son expulsion.

Quant à la possibilité d’une émigration aux États-Unis, elle est de plus en plus illusoire avec la fermeture des frontières.

L’émigration en Belgique, décembre 1938-mai 1940

Gerda et Selmar parviennent finalement à rejoindre leur père en Belgique en décembre 1938, mais l’ émigration de leur mère n’est pas acceptée et  ne sera autorisée que le 23/08/1939 après de longs mois d’angoisse supplémentaire et la supplication des enfants auprès du roi de Belgique.

Gerda en Belgique, 1940 ©AGR

Malheureusement, l’accalmie est de courte durée pour cette famille traquée qui vient d’être réunie.Le 12/05/1940, au moment de l’offensive allemande et de l’invasion de la Belgique, elle doit à nouveau fuir (à moins qu’elle ne soit à nouveau expulsée par le gouvernement belge), cette fois en France.

Fuir à nouveau, en France, mai 1940-août 1942

Elle s’installe d’abord dans le nord du pays, à Lille à partir du 16/05/1940 avant de s’établir en Haute-Vienne en avril 1941 dans la commune de St-Germain-les Belles (alors située en zone libre)  après avoir franchi clandestinement la ligne de démarcation au niveau d’Angoulême en mars 1941.Si l’on connaissait l’adresse des Messing en 1941 (la commune de Saint-Germain-les -Belles), c’est le témoignage et les clichés précieux et récents confiés par Françoise Genilier (hérités de sa mère car Françoise est née après-guerre) qui permettent d’éclairer aujourd’hui le contexte de vie de la famille à l’époque, quelques mois avant la tragique année 1942.

Gerda Messing chez les Betoule, 1941 © Famille Betoule

En effet, le couple Betoule (François et Jeanne-Anne Betoule qui étaient donc les grands-parents de Françoise) a hébergé les Messing durant près d’un an, dans leur grande maison familiale, maison qui aurait également hébergé une autre famille juive à l’époque. Les deux familles vivront donc ensemble, tisseront des liens et les photos de l’époque qui en témoignent apparaissent comme une parenthèse presque heureuse dans un océan de malheurs.

Germaine Marie Betoule et Gerda, 1941, St-Germain-les-Belles © Famille Betoule

Vivait également avec eux Germaine-Marie Betoule, fille du couple Betoule qui était née en 1923 et avait lié une belle amitié avec Gerda (alors devenue une ravissante jeune femme) et Selmar.

Dans sa fiche de recensement du 18/02/1942, Herman déclare que la famille n’est en France que provisoirement et qu’elle souhaite émigrer. Mais ce rêve est alors inaccessible…

Le 8 avril 42 , suivant un ordre préfectoral répondant à plusieurs circulaires émises par le gouvernement de Vichy , parce qu’ils sont étrangers et juifs (et donc jugés « indésirables »), les Messing  sont sommés  de quitter St-Germain-les-belles avant le 10 avril pour être assignés à résidence dans une autre commune.

La famille s’installe  alors à Eymoutiers (entre le mois d’avril et de juillet 1942), à « La Terrade » suivant le Mémorial de la déportation de Serge Klarsfeld et certains documents issus des archives locales.Cela dit, l’un des documents administratifs mentionnant l’expulsion de la famille indiquait au départ « La Peyrade » qui jouxte Eymoutiers ce qui peut laisser planer un doute sur le dernier lieu de vie de cette famille.Ce départ fut vécu très douloureusement par la fille de la famille Betoule. C’est ainsi qu’elle transmettra à sa fille Françoise le souvenir de cette famille disparue à jamais.

En mai 1945, à la fin de la guerre, Selmar, seul rescapé de sa famille demandera à pouvoir revenir en France pour régler des factures et récupérer les derniers biens laissés par les siens après le tumulte de la rafle. Il recherchera d’ailleurs encore à savoir s’il existe des traces de ses parents et de Gerda, en vain.

Cette requête permettra cela dit de préciser le dernier lieu de vie des Messing puisque Selmar mentionne un logement de deux pièces qui appartenait à la propriétaire Mme Garraud (et qu’il nomme « Villa Raimonde » puis plus tard dans sa fiche de témoignage de 1999 sur le site Yad Vashem « Villa Roseville ») à Eymoutiers.

Concernant les derniers jours de vie des Messing en aout 1942, on sait qu’Hermann devait être incorporé dans un GTE

Sur décision préfectorale du 6 août 1942, il est déclaré inapte et autorisé à regagner son domicile…mais ce ne sera qu’un sursis de très court terme…

Moins de trois semaines plus tard, dans  la nuit du 25 au 26 août 1942,  la famille est arrêtée brusquement, transférée au camp de Nexon  puis déportée (sans retour) depuis Drancy par le convoi 27.

Selmar,  qui avait alors 19 ans n’était visiblement pas présent au domicile lors de l’arrestation et il parvint ensuite à s’enfuir.

Une enquête des renseignements généraux de 1945 consécutive à une requête de Selmar permet de savoir qu’il émigra ensuite en Israël en passant par l’Espagne  en août 1943 après un passage à Vicq-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées chez Mme Lavusse.

Cette enquête confirme aussi qu’au moment de l’arrestation, Hermann était en  » mauvais état de santé ». Il ne fut pour autant pas exempté et fut déporté sans retour avec sa femme Fanny et sa fille de 16 ans, Gerda.

© Fanny DUPUY

Dernières modifications: le 28/07/2023

Remerciements:

Pour les sources allemandes, je remercie infiniment Sabine Herrle, infatigable chercheuse allemande qui n’a pas compté ses heures pour m’aider à préciser le parcours de la famille Messing.

Je remercie également tout particulièrement Françoise Genilier, descendante de la famille Betoule pour ses précieux documents d’époque qui permettent de redonner un visage à cette famille.

NB:

*Les archives de Norhausen n’ont aucune trace d’un mariage entre Fanny et Hermann dans la ville de Nordhausen en 1921 ce qui signifierait que le couple s’est marié et a donc vécu avant 1923 dans une autre ville d’Allemagne. Le reste de leurs documents d’ archive a en outre été délibérément détruit par les Nazis avant les bombardements d’avril 1945 ce qui empêche de retrouver d’autres traces.

Sources :

Contact
Partagez la page:

Laisser un commentaire